Les 4 pièges du travail en groupe : épisode 3

Dans les épisodes précédents, nous vous avons parlé du biais de confirmation, cette tendance naturelle à ne prendre en considération que ce qui confirme nos croyances, et l’autocensure. Parlons maintenant du 3ème biais du travail en groupe : le manque de partage d’informations uniques.

Le manque de partage d’information unique

Les chiffres sur le sujet sont sans appel : nous partageons seulement 18% des données uniques à l’occasion d’une discussion de groupe, les données uniques étant les informations que l’on sait être les seuls à détenir. Alors que l’on partage volontiers 58% des informations communes (informations que l’on sait ne pas être les seuls à détenir).

L’information, c’est le pouvoir, la partager n’est pas forcément quelque chose de facile et d’automatique. Que l’on trouve ça moral ou pas, cette attitude de rétention d’information est objectivement nuisible pour le travail en groupe.

Pour illustrer ce biais, je vais vous raconter une expérience que nous avons mené.

Durant plusieurs années, nous avons joué aux LEGO. Oui enfin dis comme ça, vous vous dites moi aussi, j’imagine. Sauf que là, c’était avec des adultes. Nous avons imaginé un jeu à base de LEGO que nous jouions à l’occasion de séances de team building.

Le principe était le suivant : nous nous présentions au groupe comme le nouveau maire de la ville. Les participants étaient répartis en 6 équipes de chantier. ils avaient pour mission de construire un nouveau quartier, le meilleur possible pour les concitoyens. Pour ce faire, ils devaient reproduire des structures consignées dans des plans que seuls les architectes de chaque équipe pouvaient voir. Les consignes devaient être transmises aux équipes par les architectes uniquement par oral.

De là s’engageait une course effrénée pour réaliser un maximum de points. Car oui, chaque structure réalisée valait un certain nombre de points. Chaque équipe construisait des structures de couleurs différentes. Sur les plans des architectes étaient recensées différentes structures qui valait un nombre de points différents. Globalement plus la structure était complexe, plus elle valait un nombre de points importants. La dernière structure présentée sur les plans des architectes valait quand à elle 5 fois plus de points que toutes les autres.

D’apparence plus complexe, ce n’était en fait que la juxtaposition des structures unitaires réalisées par chacune des équipes. Mais pour se rendre compte de cela, il fallait que les architectes se montrent leurs plans. Ils se seraient rendus compte instantanément qu’en joignant leurs forces, ils pouvaient réaliser des structures qui rapportent beaucoup plus de points. Sauf que sur plus de 500 participants, les architectes se sont montrés les plans une seule fois ! C’est l’effet de la compétition me direz vous. Certainement, sauf qu’à aucun moment du jeu nous ne prononçons le mot compétition ou gagnant/perdant. Nous ne parlions que d’équipes et de points.

Voilà qui illustre à merveille ce manque de partage d’informations uniques. Chaque architecte était mis en position de détenir des informations uniques. Le jeu était fait de telle sorte qu’il était plus avantageux de partager ces informations pour réaliser un maximum de points.

Alors même que ce sont des personnes qui s’entendent bien, qu’il n’y a aucun enjeu professionnel (ce n’est qu’un jeu) on voit apparaitre ce manque de partage d’information.

Alors dans vos prochaines réunions, n’hésitez pas à sensibiliser les participants à ce phénomène et les inviter à partager le plus librement possible les informations qu’ils possèdent : votre réunion n’en sera que plus efficace !

À propos de David & Sacha

Co-fondateurs et associés du WORKLAB

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