Dimanche dernier, je dégustais une succulente salade de post-it assaisonnée de colle 3M quand tout à coup, mon fils de 7 ans (qui en toute objectivité est particulièrement perspicace pour son âge) me pose cette question tout de go : « Papa, c’est quoi un facilitateur ? ».
Ravi de pouvoir répondre à cette question aussi candide que passionnante, je m’apprêtais à lui parler de travail en groupe, de collaboratif et de tout ce qui fait la saveur de ce métier quand sans prévenir, ma fille de 3 ans (qui en toute objectivité est elle aussi particulière perspicace) rebondit sur l’intervention de son frère et complète la question en ces termes : « mais papa, la véritable question ne serait-elle pas de mettre en exergue la différence entre un facilitateur, un coach et un consultant ? ».
Bref, j’étais dans la merde…
Je m’en suis vaguement tiré en parlant du dernier épisode de tchoupi qui avait perdu son doudou, mais personne n’était dupe !
Depuis la question me taraude et me hante ce qui me pousse aujourd’hui à prendre la plume pour tenter de répondre à cette question fatidique : « quelle est la différence entre un facilitateur, un coach et un consultant ? ». Pour que plus personne ne se retrouve un jour en face de ses enfants avec le même sentiment d’impuissance que j’ai pu ressentir moi même.
Alors je sais bien que je m’expose à l’ire sans limites de ces différentes corporations qui à n’en pas douter pourront remettre en question toutes mes affirmations en y objectant que la réalité est bien plus nuancée. Et c’est vrai, la limite entre ces 3 métiers est bien plus nuancée que le tableau que je vais en dépeindre. Il y a bien sûr des consultants qui ont une position de coachs, des coachs qui pratiquent la facilitation et des facilitateurs qui sont d’anciens consultants.
Bref, c’est le bordel et c’est bien pour ça qu’il peut être intéressant d’avoir quelques repères.
Le coach
Il est souvent centré sur une personne même si c’est vrai qu’on peut faire du coaching de groupe. Il a une position basse, c’est-à-dire qu’il n’intervient pas sur le fond du sujet à traiter. Son arme favorite est la question. Il s’en sert pour permettre aux personnes coachées d’avancer par elles même dans leur réflexion. C’est une approche très libre et assez peu contraignante, car le coach laisse au maximum la personne ou le groupe se déterminer seul.
Le coach est très centré sur les personnes et reste attentif aux ressentis et aux émotions.
Le facilitateur
Lui, il ne travaille qu’avec des groupes, c’est l’essence même de son métier. Comme le coach, il n’a pas d’avis sur le fond du sujet à traiter. Mais pour lui son arme de prédilection pour faire avancer le groupe c’est le processus de facilitation.
La série d’exercices qui va mener le groupe vers le résultat à produire. Ce que l’on appelle souvent le déroulé. Et il reste garant du suivi de l’exécution de ce processus de facilitation (pas forcément à la lettre).
Il sert de guide au groupe durant la session facilitée.
Le consultant
Le consultant ne travaille pas forcément en groupe, même si aujourd’hui beaucoup le fond naturellement (et tant mieux). Il passe souvent par une phase d’interview durant laquelle il va recueillir les besoins ou l’avis des parties prenantes sur une situation. Il va ensuite en faire l’analyse pour proposer un dossier de préconisations. Il est en position haute, il a un avis sur le fond (c’est souvent pour ça qu’on le paye) et c’est même parfois un expert du sujet. Ce qui l’intéresse avant tout ce n’est pas forcément les personnes ou le processus collaboratif, mais le résultat.
S’il est amené à travailler en groupe, il sera souvent très directif.
Voilà un petit tableau qui résume ces 3 positions :
Coach | Facilitateur | Consultant |
Travaille souvent sur la personne, parfois sur les groupes | Travaille exclusivement avec des groupes | Travaille seul, en mode interview et parfois avec des groupes |
Position basse Il n’a pas d’avis sur le fond | Position basse Il n’a pas d’avis sur le fond | Position haute Il a un avis sur le fond |
S’appuie sur des questions pour faire avancer le sujet | S’appuie sur une série d’exercices collaboratifs pour faire avancer le sujet | S’appuie beaucoup sur sa connaissance du sujet |
Centré sur les personnes | Centré sur le processus | Centré sur le résultat |
Laisse le groupe ou la personne se déterminer | Guide le groupe à travers le processus de travail collectif | Guide le groupe de travail |
Bien entendu, encore une fois c’est un peu caricatural mais ça permet peut-être à ceux qui sont le plus éloignés du sujet d’y voir un peu plus clair.
Bonjour,
Merci pour ce retour très intéressant. Je suis coach et formateur depuis maintenant quelques années et je confirme vos points de vue sur ces métiers. Je rajoute également que le coach laisse donc au groupe le moyen d’utiliser les processus qui lui conviendront. Il peut cependant proposer des outils, jeux ou autres processus interactifs qui permettront au groupe de mieux se connaitre et de mieux se définir.
Un coach demande au groupe de définir l’objectif et le fait à l’intermédiaire de questions comme « Quel est votre objectif ? » « Qu’est ce que vous voulez réaliser ? »
A l’inverse le facilitateur propose directement une trame déjà prédéfinie à l’avance et peut plus ou moins bien l’adapter aux intervenants. C’est donc ainsi que le formateur facilitateur va réadapter s’il est souple et fin son contenu aux plus proches des besoins et attentes des formés mais il peut tout aussi bien ne pas les prendre en compte…
Voilà merci à vous et au plaisir de vous lire.
Raphael DIAZ
http://coachingcommunication.fr/
Le coach n’a pas de contenu préparé à l’avance. Il a une boute à outils qu’il peut utiliser si besoin.
Le facilitateur a déjà un contenu, une trame préparé à l’avance et peut s’il le souhaite adopter par la suite une posture de coach dans l’utilisation de sa trame.
Merci pour l’article. C’est surtout les clients qui devraient le lire ! Ce n’est pas toujours évident de tracer la limite entre l’accompagnement et le conseil avec certains clients. En tant que coach/formateur, nous n’avons pas à donner d’avis ou de conseil, simplement de créer une dynamique de réflexion et de mettre sur la voie le client afin qu’il trouve par lui-même les « problématique » ou « solution » ou « vision » dont il a besoin pour évoluer.
Avez-vous des ressources de type MOOC ou Ebook à mettre à disposition ?
Au plaisir de vous lire
Laura
Bonjour,
Merci pour cet article qui m’a particulièrement intéressé, ma fille m’a posé la même question 😉
Je suis d’accord avec vous si on s’intéresse au coaching individuel. Il reste cependant pour moi un questionnement sur la différence entre un coaching d’équipe et de la facilitation de groupe.
Pour Raphaël, « Le coach n’a pas de contenu préparé à l’avance… Le facilitateur a déjà un contenu « . Je suis d’accord avec ce fait pour le coaching individuel mais je peux intervenir pour une séance de coaching d’équipe en ayant travaillé sur un déroulé. Donc, par rapport à ce que propose l’article ci-dessus, m’appuyer sur des exercices collaboratifs et être centré sur le processus autant que sur les personnes.
Qu’est ce qui pourrait encore différencier ces deux pratiques ?
La différence que je vois aujourd’hui est la suivante :
– le coaching d’équipe s’adresse à une équipe déjà constituée et qui à l’habitude de travailler ensemble
– la facilitation s’adresse à des personnes qui n’ont pas cette proximité d’équipe constituée. Les participants peuvent ne pas se connaître du tout ou se côtoyer sans faire partie de la même équipe de travail.
Mais cette approche n’est pas vraiment satisfaisante car, je suis sûre que le Worklab travaille en facilitation avec des équipes déjà constituées…
Je suis preneuse de tout nouvel éclairage et vous remercie pour vos commentaires.
Florence MARTIN
Votre fille se pose des questions vraiment très intéressantes !