La véritable histoire du brainstorming

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Claudine est la gérante du bar « les bons copains » à Vern sur Seiche. Le bar a eu son heure de gloire. À une époque, c’était le rendez-vous incontournable du village. Oui, mais voilà, ce temps-là est révolu et les clients ont déserté le bar, à part quelques habitués qui résistent fièrement.

Dépitée, mais pas abattue, Claudine ne baisse pas les bras et forte des conseils qu’elle a pu glaner sur l’excellent blog du Worklab, elle décide d’organiser un brainstorming, cette technique de créativité si populaire, qui lui permettra de générer les idées qui sauveront son bar.

Elle convoque donc un samedi matin à la fraiche ses plus fidèles clients pour les mettre à contribution. On y retrouve Nadine, une assistante maternelle passionnée par la pyrogravure, Kevin, ingénieur informatique militant du logiciel libre qui n’hésite pas à coller un pingouin sur sa R5 beige, Didier, un cadre stressé qui passe beaucoup trop de temps en réunion et Bernard à l’humour approximatif et dont personne n’a jamais vraiment compris ce qu’il faisait exactement.

Pour démarrer sur de bonnes bases, Claudine affiche les règles du jeu d’un atelier de créativité :

Et c’est parti pour la séance de créativité intense.

Nadine propose de diminuer le prix du café pour attirer plus de clients. Kevin propose d’installer une PlayStation dans le bar pour que les clients puissent jouer. Bernard soumet l’idée de refaire la déco qui, il faut bien l’avouer, commence un peu à vieillir.

À cet instant précis, en entendant le mot déco, une idée jaillit dans le cerveau de Didier. Il ne peut s’empêcher de penser immédiatement à Valérie Damidot. Une idée saugrenue qui à n’en pas douter pourrait lui valoir les railleries du village pendant plusieurs années. Oui, mais en même temps, comme on le dit dans les règles du brainstorming, on n’est pas censé se censurer à ce moment de la compétition. Allez, tant pis, il se lance et propose donc de faire venir Valérie Damidot pour maroufler le bar.

Aussitôt, Bernard rebondit : « et on pourrait faire participer les gens du village ! » Ni une ni deux, Kevin surenchérit : « on pourrait même faire une campagne de crowdfunding pour récolter des fonds ». « Et je réaliserais pour chaque donateur une gravure en bois avec son nom que l’on accrocherait au bar » ajoute Nadine.

Quelques mois plus tard, la rouverture après travaux des « bons copains » fait la une du journal local. C’est en effet le premier bar « coopératif » qui a mis à contribution des centaines de personnes dans toutes la France et surtout à Vern sur Seiche. Les contributeurs sont fiers de voir leur nom inscrit sur le bar et ne se lassent pas de le regarder à chacune de leur visite. Le bar ne désemplit pas et est devenu une curiosité locale.

La morale de l’histoire

Bon, au risque de vous décevoir le bar des « Bons copains » n’existe pas. Mais cette histoire a la vertu de mettre en lumière les principes du brainstorming que l’on a tendance à répéter de façon religieuse sans en comprendre toujours les réelles implications. Dans un brainstorming, et pour être plus précis, durant la phase de divergence, on encourage chaque participant à ne pas censurer ou s’autocensurer. Vous l’aurez compris je l’espère à travers cette histoire, ce n’est pas pour faire une accumulation d’idées loufoques, mais bien parce que c’est comme ça que l’on génère plus d’idées. Et le pari du brainstorming c’est que parmi toutes ces idées il y en aura au moins une de bonne.

En effet les idées que l’on va proposer ne sont pas forcément bonnes ni exploitables (en l’occurrence faire venir Valérie Damidot n’est pas en soit la meilleure idée de la semaine). Oui, mais elles allument chez les autres participants des zones du cerveau différentes qui leur permettent de générer d’autres idées qui elles seront peut-être bonnes. Nous sommes tous différents et une idée proposée peut allumer différentes zones du cerveau selon les participants présents au brainstorming.

Alex Osborn comparait le brainstorming à ces explosions en chaines de pétards que l’on retrouve dans les fêtes chinoises. Car s’est bien une réaction en chaine que l’on cherche à provoquer. Il est donc indispensable de créer les conditions adéquates en respectant les règles du jeu.

À propos de David & Sacha

Co-fondateurs et associés du WORKLAB

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